mercredi 6 avril 2022

Ki Surf School toute l'année

Fini le temps des écureuils landais. Entrainés par le tourbillon du réchauffement climatique, une demande croissante de cours de surf, même en plein hiver, est venue aux portes de l'école de surf Ki Surf School qui a bien sûr répondu présent !

C'est donc officiel, il est possible de prendre des cours toute l'année dans notre petite école de surf, sous réserve de météo favorable bien sûr. 

L'hiver, les bonnes conditions sont moins nombreuses, néanmoins nous avons de plus en plus fréquemment de belles journées ensoleillées au mois de février par exemple. Les plages sont désertes, l'ambiance plus intimiste, les Landes offrent un visage différent de l'été, pour le plaisir de quelques passionnés de surf.

Nous sommes équipés de combinaisons d'hiver et de chaussons néoprène, pour assurer le confort des stagiaires !

Avec, comme d'habitude, les cours de tai chi chuan toute l'année !



mardi 21 septembre 2021

Le slow surf

 Alors qu'il devient de plus en plus ardu de surfer en petit comité, avec le sentiment apaisant d'être seul dans la vastitude de l'océan, prêchons ici pour un slow surf, une pratique qui ne vise pas à l'accroissement exponentiel de la rentabilité mais plutôt à un usage raisonné d'une ressource qui est en réalité limitée, la vague.

En effet, on se rend bien compte qu'il n'y a souvent pas suffisamment de vagues pour le nombre de surfeurs présents sur un spot à un moment donné. Il serait alors logique d'aller surfer seul ou avec un ou deux amis plutôt que d'arriver par groupes de cinq ou six individus. 

Il pourrait sembler raisonnable de prendre le temps de savourer ses vagues plutôt que de vouloir toutes les attraper puisqu'elles sont en nombre insuffisant par rapport au nombre de surfeurs en présence. 

On se demande aussi quel est l'intérêt de faire la compétition avec des individus qui seront déjà simplement heureux d'attraper une vague. 

L'océan nous offre la possibilité de nous extraire d'un quotidien stressant qui nous pousse à l'hyperactivité, à la rentabilité, à la surconsommation, est-ce que la nature n'est pas justement là pour nous offrir un répit ? 

C'est sans compter avec la technologie, meilleur ami de l'homme puisqu'elle lui permet de tout faire plus vite, plus efficacement, en plus grande quantité, sans attendre. Comme s'il se hâtait vers son inéluctable fin, telle la poule insatiable, grattant frénétiquement le sol à la recherche d'une pitance qui la laissera toujours sur sa faim.

Les fléaux du surf à travers les âges

Identifions les inventions technologiques qui, en facilitant l'accès au surf, ont augmenté le nombre de surfeurs à l'eau au point de rendre de plus en plus difficile ce qui autrefois était la norme : une session de surf avec un nombre réduit d'individus sur un même spot.

Années 1950-60 : essor de l'industrie automobile, le spot de Malibu devient en l'espace d'une trentaine d'années le symbole mondial de la surpopulation à l'eau. Des images d'archive nous montrent des surfeurs qui partent à 10 sur la même vague, slaloment avec adresse ou se télescopent gaiement. 

1971 : première compétition de surf sur le spot de Pipeline à Hawaï. Avec le cinéma en couleur, les images font le tour du monde. En mettant sur le devant de la scène internationale, via des photos dans les magasines de surf et des vidéos, ce spot mythique, les surfeurs locaux voient arriver des hordes de surfeurs et décident de créer le club des Black Shorts afin de résister à cette pression. Depuis lors, chaque fois qu'une de ces compétitions a lieu en quelque pays que ce soit, c'en est fini pour les locaux de la tranquillité. Ce qui devient un essor économique pour les uns, se transforme en cauchemar pour les autres.

Années 1990 : apparition de la première webcam à Lacanau Océan. Les surfeurs voient les vagues en temps réel et peuvent spontanément sauter dans leur voiture pour se rendre sur le spot le plus proche. Plus besoin de consulter le surf report, encore moins de savoir lire une carte météo.

Fin des années 1990 : démocratisation du téléphone portable. On appelle ses copains depuis la plage, en quelques minutes, les spots se remplissent de monde.

Années 2010 : essor des réseaux sociaux, les gens mettent en scène leur vie, en temps réel, et des milliers de personnes peuvent découvrir en quelques clics une vague jadis préservée, dès lors photographiée, nommée, géolocalisée, à seules fins de satisfaire l'égo d'un individu. 

2014 : premier distributeur de fatbike, vélos à gros pneus électriques, à Hossegor. 

En l'espace de quelques années, une boulimie de gros pneus s'empare de la population et tout le monde, du plus petit au plus grand, s'équipe d'un de ces vélos de style californien. 

Dès lors, même dans les espaces naturels protégés interdits aux véhicules à moteur, il devient presque impossible de surfer seul car les gros pneus sillonnent les plages sur de longues distances. Parfois, ce sont jusqu'à 10 gros pneus qui se garent sur la plage en face d'une vague. Le pari de la technologie comme outil pour accéder à des vagues vierges est un échec. 

Les surfeurs dotés de jambes observent le va-et-vient des vélos sur la plage, en se demandant quelle sera la prochaine "surfing plague".

Les vertus du slow surf

Prendre du temps pour soi, s'échauffer en observant les éléments, marcher sur la plage en quête d'un spot tranquille, surfer pour son plaisir plutôt que pour la photo qui, publiée sur instagram, étincellera dans le regard de parfaits inconnus, savourer l'instant présent, s'asseoir et regarder cette nature qui nous entoure, c'est ce que j'appelle le slow surf.

Par opposition avec la frénésie générée par les séances de surf coaching : sous prétexte qu'un coach les filme depuis le bord, de jeunes aspirants à la compétition se jettent sur tout ce qui bouge, sans faire grand cas des autres surfeurs venus là certes surfer, mais certainement pas faire la guerre pour attraper une vague, et qui se retrouvent comme des sardines au milieu d'un banc de thons assoiffés de sang. 

Par opposition avec le gars qui repère les spots de surf avec un drone, s'y rend en fatbike, qu'il a préalablement chargé dans sa voiture pour se garer au plus près de la plage, et qui une fois rentré à la maison consulte sa montre intelligente qui possède une application lui permettant de connaître le nombre de vagues qu'il a pu attraper et de les additionner pour avoir une distance de surf et pouvoir dire à ses potes, "j'ai pris 150 vagues, cumulées entre elles, c'est comme si j'avais pris une vague de 1km de long à Chicama au Pérou". 

Il existe aussi des dérives équipées d'un moteur pour se passer de l'effort de la rame, de même qu'un boitier qui émet un signal pour aider le novice à se lever au bon moment, béquilles technologiques qui ne lui apprennent pas l'essentiel, c'est à dire à développer son sens marin, mais qui donnent l'illusion de pouvoir tout faire facilement, sans effort, comme dans un jeu vidéo.

Il est devenu tendance de parler de slow food, de pratiquer des activités de bien-être, la méditation mais l'homosapienus est tellement survitaminé qu'il a du mal à ralentir, à savourer l'instant présent, à se détendre, à respecter ses semblables. 

Il en va de même du surf business. Alors qu'il y a déjà trop d'écoles de surf au mois d'août, sur de nombreuses plages, le modèle économique de certains semble être l'expansion à l'infini, occasionnant une saturation croissante des spots de surf. N'est-ce pas être aveuglé par son intérêt particulier que d'ignorer cela ?

L'école Ki Surf School adhère au regroupement d'écoles de surf, Eco-Safe Surfing, consciente de cette nécessité d'avoir un usage raisonné d'une ressource vague qui n'est pas infinie. En restant petite, l'école parvient à proposer des cours de qualité sur des spots peu fréquentés, même en plein mois d'août, malgré l'augmentation constante du nombre de pratiquants.





lundi 26 juillet 2021

Un des secrets de l'apprentissage du surf : l'adaptation d'homo-sapiens en milieu océanique

 


Cet article prêche pour une approche fine de l'apprentissage du surf, car ce sport fait évoluer les corps dans un environnement inhabituel, l'océan.

Avec comme point de départ, cette observation : l'être humain est un singe des plaines, une créature de la terre ferme. Placé dans le milieu aquatique, son langage corporel va parfois exprimer une certaine tension, traduire de l'inconfort.

Sorti de son milieu de prédilection, la terre ferme, et placé en équilibre précaire sur une planche entourée d'eau, des mécanismes de défense, des réflexes inconscients vont s'imposer à lui et perturber son apprentissage du surf. Ces réactions de l'ordre de l'atavisme, seul un observateur externe pourra lui en faire prendre conscience. Démarche salutaire car tous ces automatismes vont s'avérer improductifs et produire l'exact inverse de l'effet escompté.

Effectivement, les réflexes de survie qui consistent à s'agripper, à se réfugier à l'arrière de la planche ou à chercher du regard un support au sol vont entraîner en cascade toute une série d'erreurs posturales qui vont empêcher le novice de se lever sur la planche. Identifier l'origine de ces problèmes et travailler sur le relâchement, une forme de lâcher prise, vont permettre de corriger toute la chaîne des erreurs techniques du débutant.

Il va donc falloir lutter contre l'homo-sapiens qui existe en chacun de nous de manière plus ou moins forte. Car ce dernier induit des réactions inadaptées, guidées par la peur de tomber à l'eau, par celle de planter le nez de la planche, par celle du mouvement de l'eau et des vagues au contact de la planche. 

Un éducateur surf un peu expérimenté saura identifier ces tensions irrationnelles du corps et remplacer de mauvais réflexes par des gestes techniques adaptés à la discipline surf. Dès lors, les progrès seront beaucoup plus rapides qu'avec une approche purement mécanique de la technique d'activité.

Pour en savoir plus, il va falloir sauter le pas et prendre un cours de surf avec Ki Surf School, pour une approche hédoniste et anti-stress, adaptée à chaque individu.

lundi 21 juin 2021

Coach versus prof de surf

  


   

Le surf nous vient de nations de langue anglosaxone, on ne s'indignera donc pas que la surfosphère soit bourrée d'anglicismes. 

Ces derniers englobent la description du terrain de jeu, des figures et servent même de qualificatifs pour décrire les professeurs de surf. C'est sur ce dernier sujet que nous allons nous attarder, afin de tordre le coup à quelques idées reçues.


Le "surf coaching", marketing ou réalité ? 

"Coach" se traduit par "entraîneur" et tend donc à designer une personne qui enseigne auprès d'un public déjà expérimenté, et plus particulièrement à des athlètes de haut niveau inscrits dans le calendrier des compétitions. 

Parmi les nombreuses écoles de surf qui fleurissent sur nos côtes françaises, beaucoup d'éducateurs surf se décrivent comme des coachs de surf, ce qui suggère un niveau d'expertise supérieur à celui d'un simple moniteur. Cette démarche vise à attirer un public de surfeurs déjà expérimentés plutôt que de surfeurs débutants. Ces derniers s'attendent à un enseignement d’excellence. 

La majorité de ces coachs sont d'anciens compétiteurs, à des niveaux très divers, ce qui ajoute une valeur ajoutée auprès d'un public qui présuppose alors de grandes compétences pédagogiques. Pourtant, il ne suffit pas d'avoir fait de la compétition pour posséder des qualités de pédagogue ; en Australie, des coachs de renom ont un niveau de surf tout à fait modeste, à titre d'exemple. Or, l'Australie est un des trois principaux viviers de champions du monde de surf, avec les États-Unis et le Brésil. 

Par ailleurs, vivre exclusivement du coaching de haut niveau est un pari difficile, la plupart des coachs de surf autoproclamés enseignent donc en grande majorité à des publics de niveau débutant à intermédiaire. 

A l'instar de leurs confrères qui ne se disent pas "coachs" mais embrassent néanmoins toute la diversité du champ de l'enseignement et notamment l'entraînement à destination d'élèves sachant déjà surfer. 

Il convient également de rajouter qu'une fois sorti des centres de formation français, l'éducateur surf n'a aucune possibilité de faire évoluer sa formation vers le haut niveau car aucune formation de niveau supérieur n'est mise en place par le ministère des sports. Or, le "coach" sort des mêmes centres de formation. Sa compétence sera donc intimement liée à son parcours d'enseignant, c'est un pédagogue autodidacte qui a fait évoluer ses compétences tout au long de sa carrière, grâce à des qualités d'observation, d'analyse et de transmission. Au même titre qu'en enseignant lambda.

Vous l'aurez compris, pour moi, ce qualificatif de coach, c'est surtout du marketing même si parmi les coachs, certains se font bien une spécialité de l'entraînement de niveau avancé et possèdent de véritables qualités d'enseignant. Tous les profs de surf sont obligés de se plier au jeu de la loi du marché et de la communication et de saupoudrer leur com de mots fabuleux tels que "surf coaching" (ça sonne plus pro que "prof de surf"), perfectionnement (plutôt que régressionnement quand le prof est vraiment mauvais), analyse vidéo, etc.

Il ne suffit pas de se dire coach ou d'avoir fait de la compétition pour être un bon coach de surf. Pour en avoir le cœur net, l'élève va devoir essayer le coach ! Néanmoins, j'aurais tendance à conseiller un éducateur ayant des décennies d'expérience comme enseignant plutôt qu'un lapin de six jours tout juste sorti de formation. Même s'il est plus joli, qu'il a eu sa photo dans Surf Session Magasine et qu'il fait des vidéos rigolotes sur Tik Tok.


Prof de surf, diversité des profils

 Pour choisir dans la jungle des écoles de surf, le stagiaire doit posséder quelques notions. Pour faire simple, il existe deux types de formations pour enseigner le surf : 

La formations la plus longue et probablement la plus qualitative : le brevet d’État de surf (ancien diplôme) est devenu le Brevet professionnel de surf, qui est dispensé par les centres de formation dépendant du ministère des sports français (Creps, FFS, Ucpa, etc).

L'ISA est le diplôme international choisi comme diplôme de référence européen, seulement deux semaines de formation, la qualification de l'enseignant va donc dépendre grandement de son profil et de son expérience. Il existe également un diplôme allemand qui se situe entre le diplôme français et l'isa en terme de temps de formation. Les diplômés non français, titulaires de ces diplômes internationaux, sont testées par le ministère de la Jeunesse et des sports pour vérifier leur aptitude à faire évoluer en toute sécurité des élèves dans cet environnement spécifique. Il faut donc s'assurer qu'un moniteur de surf a bien l'agrément de la jeunesse et des sports ou sa carte professionnelle.

Néanmoins, quelle que soit l'origine géographique et la formation des moniteurs de surf, selon qu'ils mettent l'accent sur le commercial ou sur le qualitatif, la qualité de leur enseignement va être fort contrastée : d'où le fameux take-off genou qui s'enseigne encore très fréquemment de nos jours, antidote à toute progression vers un surf d'excellence. Et si tout le monde n'est bien sûr pas capable d'exécuter un take-off dynamique, il est quand même pour le moins curieux d'enseigner la technique du genou par défaut, comme si l'on présumait d'avance de l'incapacité de ses élèves. 

Il existe deux approches : 

- celle qui consiste à maintenir l'élève dans un état de dépendance absolue vis-à-vis de son enseignant, c'est l'école de la poussette et du take-off genou. Tout seul, l'élève est incapable de ramer pour attraper une vague ou même une mousse. Là, il ne s'agit clairement pas de coaching, on est plus dans la découverte superficielle de la discipline et du milieu aquatique.

- l'autre approche considère que le débutant mérite, autant que le surfeur expérimenté, un enseignement de qualité qui va lui permettre de devenir un surfeur autonome, capable de surfer en toute sécurité (la sienne et celle des autres). Et de devenir un bon surfeur. On ne parle pas de coaching mais d'initiation, pourtant on retrouve ici la même acuité, la même finesse d'enseignement que dans l'entraînement de haut niveau. La pression de la compétition en moins. 

Ainsi, le même éducateur surf, qu'il se déclare enseigner ou bien coacher, a besoin d'être compétent dans toutes les phases d'apprentissage du surf, de l'initiation au perfectionnement. Souvent, il enseigne à des surfeurs de niveaux très variés, même si la plupart des surfeurs expérimentés vont faire plus confiance à une école de surf qui se déclare faire du "coaching", parce qu'elle s'appuie sur le prestige d'un ancien compétiteur. 


La diversité des coachés

Le surf d'excellence n'a pas besoin des podiums, la confrontation avec des vagues changeantes est déjà en soi un sacré challenge, rares sont d'ailleurs les surfeurs complets, capable de surfer des petites vagues comme d'aller se confronter à des vagues de dimension hors norme.

A part les équipes d'élite, les surfeurs qui viennent prendre des cours de perfectionnement auprès d'un "coach surf" ou d'un éducateur sportif ont généralement des niveaux très différenciés. Souvent, ces surfeurs ont brulé des étapes importantes, zappé quelques bases, et il va leur falloir parfois accepter un léger retour en arrière pour pouvoir repartir de plus belle. 

"Il faut parfois reculer pour aller plus loin", Tessa Asamoha.

Bien sûr, l'éducateur peut leur vendre du rêve en leur parlant de leur petit doigt et de la sensation du vent sur le lobe de leur oreille gauche au moment du bottom-turn, mais si le regard, la posture et les appuis sont incorrects, la planche trop petite, la performance sera un objectif impossible à atteindre. 

A la Ki Surf School, l'élève doit choisir entre "surfer son égo" ou "surfer la vague", c'est ce deuxième objectif qui va être privilégié par l'entraîneur/prof/coach. 

On trouve presque exclusivement sur internet des tutoriels techniques abscons, imprécis, voire régressifs. Au delà de l'emballage marketing, ce qui fait la plus-value d'un entraîneur, c'est son savoir-faire pédagogique, sa capacité à transformer son expérience et son sens de l'observation en contenu théorique, et sa méthode pour transmettre cette connaissance. Dès lors, on comprend qu'il n'ait pas envie de mettre sur internet, en libre service pour ses concurrents, le savoir de toute une vie. 

Ce blog essaie de se placer dans l'entre-deux, donner aux surfeurs des clefs pour évoluer, sans pour autant tout dévoiler. Les petits secrets seront dispensés lors d'une séance de surf et pourront être alors, sur mesure, adaptés au surfeur.

Pour conclure, coach, entraîneur, moniteur, prof de surf, peu importe, ce qui va compter, c'est la personnalité de l'enseignant et le contenu de ses cours. 




jeudi 18 mars 2021

Psychanalyse du surf

Quand les brisants se transforment en vagues qui soignent et apaisent les esprits !

La pratique de l'enseignement du surf depuis maintenant 20 ans m'amène à observer l'individu dans l'élément aquatique, de moins en moins comme une somme d'habiletés psychomotrices, mais comme un être sensible, avec ses forces et ses faiblesses, dont le comportement au contact de l'océan va être conditionné par les expériences intimes qu'il aura vécu au cours de son existence. Cela dépasse l'individu pour englober le groupe, puisque la culture dans laquelle l'individu a vu le jour déterminera également son approche de l'élément océanique.

 

L'océan, révélateur de traumas

L'élément liquide peut être perçu comme menaçant à travers la vue des vagues, l'évocation de profondeurs inquiétantes où perdre pied, ou encore par l'immersion du visage dans l'eau. Les nombreuses créatures fantastiques dont les hommes ont peuplé les mers à travers l'histoire témoignent de ce rapport inquiet vis à vis des profondeurs océaniques et de l’existence d'un inconscient collectif. 

La méfiance de certains hommes vis-à-vis de l'océan trouve souvent son origine dans un traumatisme intime ou familial : l'enfant s'est fait rouler dans une grosse vague alors qu'il découvrait l'océan, Untel a cru se noyer dans une piscine et tel autre a reçu en héritage la peur de ses parents, transmise à travers l'expression constante d'un stress tétanisant face à l'océan. 

Dès lors, il peut sembler étonnant qu'un individu réfractaire à la baignade ou à l'océan s'inscrive à des cours de surf. De là, on observe plusieurs motivations et types de comportements :


L'envie d'exorciser ses peurs

Un éducateur attentif va permettre à son élève de contrôler puis de dépasser son appréhension, parce qu'il va le mettre dans des conditions de pratique sécurisantes : l'élève sera amené à dépasser ses limites graduellement, à son rythme. 

S'il est à l'aise dans 10 cm d'eau, le moniteur ne l'incitera pas à aller plus loin, cela se fera naturellement à mesure que l'expérience océanique remplacera le stress par un sentiment de plaisir. 

Les mousses seront son premier terrain de jeu, laissant les vagues casser au large. Ainsi, les pieds dans le sable et ramené constamment vers le bord, le surfer en herbe apprendra à se détacher de sa peur pour observer un élément naturel qui, en devenant compréhensible, perdra son caractère mystérieux et menaçant. 

 Avec cette approche bienveillante et progressive, adaptée au rythme de chacun, on observe des résultats étonnants : les élèves transforment leurs limites irrationnelles en limites objectives, en apprenant à surfer dans les conditions qui conviennent à leur niveau physique et technique. Ainsi, l'élève devient capable de distinguer l'océan clément des jours de petite houle, de l'océan agité dont il faut se méfier. La tyrannie de la peur se dissout en une infinité de déclinaisons océaniques qui véhiculent des sensations de calme, de plénitude, de plaisir et d'évasion.

 

Le déni de soi

Certains élèves prennent des cours de surf pour suivre leurs amis, sans réel désir de vaincre leur appréhension, sans motivation. Le discours apaisant de l'éducateur n'est pas entendu car la peur de l'élément est brandie tel un bouclier sur lequel la raison rebondit. 

Pour communiquer, l'élève utilise exclusivement la forme négative : "je n'ai pas envie", "ça ne me fait pas plaisir", "je ne voulais pas venir" et tout le challenge va consister à le faire glisser progressivement vers le "je vais essayer", "je comprends", "je vous fais confiance".

Pour d'autres, la motivation était là mais elle s'efface devant un inconscient qui tétanise. La peur de l'élément, le manque de confiance en soi, la défiance vis-à-vis des situations inédites sont source de blocages et de comportements irrationnels.

Parfois encore, certains caractères n'admettent pas ressentir de la peur. Or pour vaincre sa peur, il faut l'accepter, pour ensuite la dépasser. Certains indices viennent alors révéler ce que l'élève n'avait pas verbalisé, le langage corporel ne ment pas : le visage est fermé, tendu, l'élève n'entend pas les conseils du moniteur, il est victime de l'effet tunnel, toute son attention est focalisée sur l'objet de sa peur, par exemple les vagues. 

Étonnamment, on observe souvent un comportement déroutant de la part de l'élève qui a reçu comme consigne de rester près du bord dans les petites mousses et qui, comme envouté, progresse vers le large à la rencontre des brisants qui sont pourtant l'objet de son stress et qui, en le secouant, ne font que renforcer sa répulsion pour les vagues. 

On peut y voir une volonté inconsciente de valider une aversion plutôt que d'essayer de la dépasser. L'effet tunnel également peut expliquer ce type de comportement d'automate, qui ne perçoit plus rien en dehors de l'objet redouté. 

Par ailleurs, certains caractères particulièrement réfractaires au pacte élève-enseignant ignorent les consignes de l'éducateur et brulent toutes les étapes de l'apprentissage en allant à la confrontation avec l'élément, au risque de se blesser. Ils ne comprennent pas l'océan, ils sont stressés, et vont pourtant se placer dans des situations qui malmènent aussi bien leur corps que leur égo. Car si les conseils bienveillants de l'éducateur ne sont pas acceptés, l'océan, lui, a toujours le dernier mot. 

Or, pour vaincre sa peur, il faut accepter ses faiblesses. Le travail sur soi ne peut commencer si l'individu appréhende l'environnement extérieur comme un objet ennemi à confronter et le passeur de la connaissance, comme un obstacle dressé au milieu du chaos. Malheureusement, l'élève qui n'a pas déposé son égo le temps de l'apprentissage, va trouver mille excuses pour abandonner la pratique : il a trop de courbatures, il s'est fait mal en marchant sur un caillou au milieu d'une plage de sable fin, la planche de surf est trop nulle, à moins que ce ne soient les vagues, etc.

Un élève manquera de confiance tandis qu'un autre fera preuve d'un excès de confiance, l'éducateur devra alors s'adapter à des attitudes contraires, entre celui qui ne tente rien par peur de l'échec et celui qui échoue en voulant brûler toutes les étapes de l'apprentissage. 

Le bon éducateur ne perçoit pas ses élèves en terme de surhommes ou de sous-doués, il ne voit que des hommes en situation d'apprentissage, dans toute la diversité du genre humain. 


La plénitude du surfeur

L'océan a des vertus innombrables, car l'océan terrifiant est en réalité l'océan qui calme, qui apaise. Les usagers de l'océan ont signé un pacte avec la nature, dans lequel ils s'abandonnent au rythme des éléments, lâchent prise, remisent au placard certaines habitudes pour vivre l'instant présent. 

L'océan est une machine à casser de l'égo, car chacun y trouve ses limites lorsque l'élément, de mer d'huile l'été devient tempête hivernale qui dévore le trait de côte.

Mais la discipline surf a ses bienfaits comme ses effets pervers : elle est un révélateur de caractère. 

L'adrénaline, la recherche d'un plaisir que l'on veut sans partage, la variabilité du milieu océanique sont un formidable carburant pour se dépasser, améliorer son endurance, sa ténacité, sa gestion du stress, ses réflexes, son efficacité dans l'instant, son adaptabilité, sa patience, son humilité, sa tolérance. 

Hélas, on trouve aussi dans ce terreau la graine de sentiments tels que la négation de l'autre, ce concurrent sur la vague, un individualisme forcené, un égo démesuré dès lors que l'on atteint un certain degré d'autonomie. Le côté obscur de la force, diront les adeptes de Star Wars ou de taoïsme !


Pour résumer, le surf ne prétend pas remplacer la psychanalyse mais il entend, avec le milieu naturel comme terrain de jeu, placer l'apprenti surfeur sur le chemin de la félicité. C'est dans le réenchantement de l'élément liquide et la recherche de l'hédonisme que s'inscrit la pédagogie de l'école Ki Surf School, sur les plages du sud des Landes.




dimanche 23 août 2020

Surfer une autre temporalité

 

Il est difficile de voir encore dans le surfeur moderne la figure de l'aristocrate hawaïen, vouant un culte à l'océan et à ses créatures. Frénétique consommateur d'açaï bowls, de vélos électriques à gros pneus, de Jeep 4x4, de boat trips et de surf camps sur des îles privées, la figure du surfeur rebelle, aventurier et antisocial semble elle aussi s'éloigner un peu plus chaque jour. C'est bien normal après tout car le surfeur n'est pas différent des autres hommes, en s'inscrivant dans son époque, il surfe le fil de l'histoire.

La société marchande trouve dans le surf un vivier extraordinaire, elle se nourrit de ses multiples facettes : le retour à la nature, les seventies, les voyages, l'hédonisme, le goût du risque, la beauté du corps. Et si l'on se dépouille de tout ce décorum mercantile, il n'en reste pas moins que le surf en tant que discipline sportive engage tout surfeur accompli dans une voie qui le détourne des conventions sociales et en particulier du temps tel qu'il est perçu et vécu dans les pays développés.

Car il s'agit d'un sport de nature. Pour s'accomplir, il doit se conformer au rythme de la nature, qui n'est pas le temps des horaires de bureau, le temps de la semaine de 5 jours, le temps du repos dominical,  le temps de l'école ou le temps des célébrations religieuses. Il y a là une forme de panthéisme, de respect suprême des cycles lunaires et de multiples paramètres atmosphériques subtils.

Il en va de même du pêcheur capbretonnais quittant le port à la marée haute car il sait qu'au plein bas, la passe devient dangereuse ; ou de l'agriculteur qui suit le calendrier lunaire des plantations et les variations de la météo. A l'identique, il existe des moments propices au surf et d'autres néfastes, et ces moments varient constamment.

Il n'existe pas d'horaire fixe pour le surf, à la différence d'autres sports qui n'ont pas un milieu naturel instable comme terrain de jeu, l'océan étant la personnification du chaos. Or, pour trouver de l'ordre dans le désordre, il faut se plier aux règles de l'océan et de ses vagues sur le rivage. Il faut accepter l'imprévu, le variable, l'absence de programme préétabli.

L'abolition du temps social

Nous quittons notre lieu de travail le temps des vacances, avec des désirs d'aventure et d'imprévu mais notre conditionnement est tel qu'il nous est parfois difficile de nous défaire de la PROGRAMMATION minutée de notre quotidien. Le temps des congés, propice au repos et au lâcher-prise, doit être rentabilisé, rationalisé, à tel point que la rencontre avec l'océan ne peut parfois pas avoir lieu.

Il en va ainsi de toutes les activités liées à l'océan : la topographie de la plage fait que la baignade devient dangereuse à certaines heures de la marée tandis qu'à un autre moment de la journée, les conditions seront douces et clémentes sur le même morceau de plage. Or, la marée, commandée par les cycles lunaires, décale chaque jour de 40 à 50 minutes ; de même que son amplitude varie chaque jour et chaque semaine.

Mais d'autres paramètres vont permettre de se baigner ou de surfeur en toute sécurité, la taille de la houle, son intensité, la force et la direction du vent, la présence éventuelle d'un orage annoncé, toutes conditions qu'il est impossible de prévoir longtemps en avance. Il existe multitude d'outils permettant de prévoir la houle et sa qualité une semaine en avance mais à l'image du journal météo, à plus de 3 jours, on est loin de l'exactitude absolue.

Ainsi, l'horaire fixe pour pratiquer le surf est une hérésie, cela est un non sens et peut même s'avérer dangereux. Parfois, à la Ki Surf School, un/e inconnu/e m'appelle pour réserver un cours de surf tel jour à telle heure, à la minute près. Ce n'est pas possible, j'explique pourquoi mais il m'arrive de perdre un client. Tant pis, je n'envoie pas des pizzas, je vend une expérience à des individus aux sensibilités variées et cela doit se faire dans les conditions les plus propices possibles. L'océan est un milieu potentiellement dangereux si l'on ne se plie pas à ses règles, qui s'inscrivent dans un temps qui est celui de la nature.

Le surfeur n'est-il pas un peu animiste qui se conforme aux commandements d'une force qui lui est supérieure, émanant des éléments conjugués du vent, de la houle, de la terre et de la mer. Cette forme d'abandon est à l'opposé du temps social qui doit être productif et qui jette son discrédit sur le prétendu oisif. Ainsi, la méditation serait une perte de temps quant au contraire elle permet de se recentrer sur soi-même et d'échapper au brouhaha, à l'agitation inepte du monde. Il en va de même du surf qui oblige au lâcher prise, en suivant les variations des éléments ; toute l'expérience se trouve contenue dans cet abandon.

L'ennemi du surfeur

 

Le repas dominical 

Ainsi, le surfeur est souvent incompris. On excuse le père de famille qui tous les weekends est sur les routes du département pour aller disputer son match de rugby, mais on crie à l'hérésie lorsque le surfeur refuse une invitation à manger parce que les vagues sont belles.

Les conditions de surf parfaites sont rares, les rater pour aller manger des saucisses grillées tout un après-midi en buvant du rosé est inconcevable pour tout surfeur qui se respecte. Mais la société de valide pas cette excuse de la variabilité du milieu naturel, le temps social doit toujours primer sur le temps naturel. 

Je peux pas, j'ai piscine

Autant la belle vague ne se présente pas tous les jours, autant décaler une séance de natation ou de tennis ne prêtera pas à grandes conséquences, l'eau de la piscine sera toujours aussi plane et chlorée, le terrain de tennis aura conservé la même apparence. Par contre, à l'océan, aux vagues parfaites auront parfois succédé de grosses vagues déformées par le vent, pour prendre un exemple parlant.

L'annulation du cours de surf pré-réservé

Annuler un cours de surf au dernier moment, sauf à être malade ou en difficulté, est également assez mal perçu. D'une part, réserver un cours de surf présuppose de respecter ses engagements. 

Mais plus important, au delà de la perte financière pour l'école de surf, l'élève qui annule sa séance au dernier moment, empêche un autre individu qui n'avait pu intégrer le groupe, parce qu'il était complet, de profiter d'une expérience au combien enrichissante. L'excuse du repas, de la séance de poney ou de la fatigue n'est pas recevable. Priver un autre surfeur de son plaisir relève de la pure folie, ce dernier vous en voudra jusqu'à la fin de ses jours, tant l'ivresse de la glisse est addictive. 

Le surfeur en voyage

Le surfeur immergé dans d'autres cultures découvre que certains peuples ne suivent pas le temps de la montre. A la pleine lune, les saltwater people des îles Salomon restent à discuter dehors toute la nuit.

Tout projet peut être remis à demain. Le pêcheur, s'il est fatigué, se repose, il sortira en mer une prochaine fois. Car le temps social est surtout le temps de l'argent. Le cobaye doit courir constamment pour faire tourner la roue du système. On lui raconte des fables pour qu'il déteste non pas le maître qui l'enchaîne à la machine mais plutôt la multitude qui n'a guère plus de richesses que lui mais semble en faire un peu moins : ainsi dans le même panier, les fonctionnaires (parce qu'ils ont des avantages sociaux), les rmistes (parce qu'ils ne travaillent pas), les immigrés, les travailleurs saisonniers (parce qu'ils touchent parfois des avantages sociaux pendant leur période chômée) et les surfeurs en voyage (parce qu'ils ne sont pas sensés arrêter de travailler). 

Le surfeur qui part en voyage s'adonner à sa passion est parfois l'ennemi dans sa propre famille. Là encore, le temps social et familial rendent indécent le fait de prendre plus de 2 semaines de vacances. 

Aussi, le surf est plus qu'un sport puisqu'il propose de se dépouiller de toutes ces fables sociales afin de se consacrer à la poursuite de son épanouissement personnel. Qui n'empêche pas d'adorer son travail, sa famille et ses enfants. 

D'ailleurs le télétravail se démocratise et permet d'aménager son temps en fonction du rythme de la nature, qui englobe dans un même tout son bio-rythme et son tempérament inscrits dans un environnement naturel. Éloignez un surfeur de l'océan, il dépérira.

samedi 8 août 2020

Eric, icone Capbreton 2020

Le correspondant local de Sub-Ouest, Mickey Dorade, s'intéresse cette semaine à Eric Eric, une figure de la scène capbretonnaise, qu'une campagne de communication a brutalement extirpé de son tranquille anonymat.


            Mais qui donc, dans la vie réelle, possède le même prénom que son patronyme ? 
Et bien c'est le cas de Eric, un landais dont le nom de famille se perd dans la nuit des temps, celui des Vikings.  La tradition de laTorelle serait d'ailleurs une survivance de cette époque : en effet, à la veillée de Noël, se dresse encore un bûcher rassemblant tout le village de Capbreton. On dit que jadis, cette flambée spectaculaire visait à projeter l'ombre démultipliée des villageois en vue de décourager les Vikings en approche, engagés sur le fleuve Adour, qui se jetait alors à Capbreton.
Dans les récits de famille, on parle d'un ancêtre illustre nommé Eric Le Grand et qui, venu de Scandinavie comme chef de guerre, enleva une belle landaise et s'installa non loin de l'embouchure de l'Adour, au lieu-dit de La Pointe, où il se lança dans le maraichage bio et la viticulture sur dunes, inventant ainsi le fameux Vin des Sables.
Ensuite, Eric Le Grand introduisit auprès des pêcheurs capbretonnais quelques améliorations dans la conception de leurs frêles embarcations que l'on connait désormais sous le nom de pinasses. Il leur permit ainsi de s'aventurer plus loin sur les vastes océans et d'aller dit-on pêcher la baleine jusque sur les rivages du Nouveau Monde.
 
Ensuite, le clan des Eric participa aux grandes aventures de l'histoire landaise : la silviculture, la grande révolte des métayers de 1920, les débuts de l'ère industrielle avec les Forges de l'Adour qui fermeront dans les années 60, puis curieusement, la ruée vers l'or noir à Parentis-en-Born où l'on extrait toujours le pétrole puis une longue période de contemplation de ce boom du tourisme balnéaire, initié dans les années 30 et qui devait trouver son apogée dans les années 1970-80. Bref, avec l'instauration du capitalisme et la fin prétendue de l'Histoire, la famille Eric opéra une sorte de repli, ne faisant plus que des apparitions discrètes dans la cité.

Puis, dans les années 1990, toute le clan Eric tomba dans l'addiction au jeu et dilapida toute la fortune familiale dans le casino de Capbreton, ce qui permit de rénover le casino pour le reconstruire à l'identique, mais avec des petits morceaux de mosaïque incrustés dessus (petit clin d’œil aux émirs du Cathare que l'on imagnait garés en face du port dans de monstrueux yachts. On sait qu'ils ne répondirent pas à l'appel).
 
Il revenait alors au dernier né, prénommé Eric, de redorer le blason familial en participant à l'histoire du surf français, remportant le championnat 2014 de planche en mousse sur la plage centrale de Capbreton. Évènement au cours duquel il sauva de la noyade l'équipage d'un bateau de plaisance qui avait versé avec son équipage à l'entrée du port. Or, il se trouvait à bord de l'embarcation une personnalité qui avait changé à jamais l'image du peuple landais, Félicien, en étant l'un des premiers participants de la téléréalité naissante, en 2002, avec Le Loft.
Fort du nom qu'il s'était fait dans le milieu du surf, Eric Eric ouvrit son école de surf, la Ki Surf School, qui mêle surf, pratique du tai chi chuan et herboristerie. Une petite école intimiste, conçue pour encadrer de petits volumes de personnes sur les meilleurs plages de Capbreton, Hossegor et Seignosse.

Or, cette campagne 2020 autour de son nom fut derechef une source d'embarras. 
 
Rappelons-en l'intitulé : "Eric a acheté son poisson après avoir pédalé 6 min, merci Eric". 
 
Tout d'abord, l'intéressé habite à 3 minutes à pied du port, il lui faudrait faire un détour considérable pour parvenir à aller acheter son poisson en 6 minutes à vélo. Ensuite, cette notoriété soudaine, hommage à son illustre généalogie plus qu'à ses propres mérites, a engendré une avalanche d'appels pour prendre des cours de surf ou confectionner des potions anti-covid à base de fenouil et de camomille.

L'éminence grise à l'origine de cette campagne, personnage de l'ombre de l'office de tourisme de Capbreton, n'a pas souhaité s'exprimer sur l'utilisation quelque peu abusive qu'elle avait fait de l'image d'un honnête citoyen capbretonnais. Il eut été en effet bienvenu de lui demander son accord, même si cette publicité gratuite lui a permis de mettre son école de surf en avant, parmi la multitude d'autres écoles présentes dans le sud landais.

Voilà donc, décrite en quelques mots, la personne qui se cache derrière le nom de cette campagne de publicité (dont on ne sait pas trop si elle vise à faire du vélo, acheter du poisson, on baptiser son enfant conçu pendant un séjour à Capbreton du prénom de Eric).